Etude de colonisation par l'Anguille du Cher et de ses affluents dont l'Yèvre
L’Anguille européenne (Anguilla anguilla) que l'on retrouve dans nos contrés est une espèce migratrice dite "amphihaline thalassotoque". Elle effectue sa phase de croissance et de grossissement en eau douce et se reproduit en milieu marin. Elle est ainsi présente entre le cercle polaire arctique et le tropique du Cancer, dans tous les hydrosystèmes communiquant avec l'océan Atlantique et la mer Méditerranée. Son cycle biologique l’amène à vivre en eau saumâtre ou en eau douce et à rejoindre ensuite son lieu de reproduction situé en mer des Sargasses.
Lorsque vous observez ou pêchez une Anguille sur notre territoire, rappelez-vous le chemin parcouru jusqu'ici !
L'EPLoire a porté au cours des années 2019/2020 une étude destinée à mieux comprendre la colonisation actuelle de l'espèce sur le bassin du Cher dont l'aval possède les premiers obstacles physiques depuis l'Océan pour l'espèce, dont la population est en nette régression depuis les années 1970.
L’espèce est aujourd’hui classée en danger critique d’extinction par l’IUCN (Union International pour la Conservation de la Nature) et inscrite à l’annexe II de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES, dite convention de Washington).
Les causes de ce déclin sont multiples : disparition des zones humides, fragmentation des habitats, contamination et pollutions des milieux, braconnage, turbinage, pêche professionnelle et amateur, maladies, parasitisme, introduction d’espèces envahissantes et de nouveaux prédateurs.
Un protocole spécifique était mis en oeuvre courant 2019, qui consistait à pêcher et analyser plus de 40 stations (dont 5 sur l'Yèvre), chacune d'entres elles étant l'aval direct et indirect de chacun des ouvrages hydrauliques du bassin (seuils, barrages...)
Les résultats sur l'Yèvre : "important blocage migratoire causé par le premier ouvrage du bassin versant, le barrage de l’Abattoir. En effet, des densités très importantes sont constatées juste en aval de l’ouvrage, avec la présence d’anguille de taille inférieure à 300 mm (considérées en migration active). De plus, les densités sont nulles sur 3 des 4 stations échantillonnées plus en amont, confirmant l’absence de recrutement sur le bassin causé par l’impact du premier ouvrage sur la migration des anguilles.Quelques anguilles seront toutefois contactées sur la station la plus en amont, la Laiterie, ne permettant pas une analyse de la situation plus robuste mais confirmant qu’une infime portion de la population doit profiter des crues pour progresser sur le bassin."
Le rapport d'étude accessible :ICI
L'Anguille européenne à ses différents stade de cycle biologique (Fish Pass)
Pêche électrique spécifique anguille au pied du Barrage de l'Abattoir (Vierzon, 2019)
Densité des Anguilles en aval des ouvrages hydrauliques sur le bassin du Cher (Fish Pass)
Densité des Anguilles en aval des ouvrages hydrauliques de la vallée de l'Yèvre en 2019 (Fish Pass)